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Se former au design management : pourquoi ? Pour qui ?
Photo de Muriel Gani
Muriel Gani

L’ère digitale place l’expérience client au cœur des performances et implique des façons de travailler différentes dans la nouvelle, mais aussi l’ancienne économie. Comblant son retard, la French Tech s’envole : de nombreuses scaleups – des startups en forte croissance depuis plusieurs années –  peinent à recruter. Les listes de postes à pourvoir au sein des licornes impressionnent.  Dans le privé comme dans le public, les gros acteurs mettent les moyens pour opérer leur transformation numérique avec, à la clé,  de multiples opportunités en Product et Design management.

 

Infographie créée par La french Tech Next qui illustre l'évolution du secteur. En France, en 2025, les prévisions estime le CA de la French Tech à 19,2 milliards d'euros.

 

En 2020, le baromètre annuel de Designers Interactifs  pointait déjà l’emploi au beau fixe, les salaires à la hausse, la demande soutenue. La tendance ne s’est pas démentie depuis, avec un marché de l’emploi épargné, voire stimulé par le Covid et la digitalisation accélérée qui s’en suit. Aux Etats-Unis, le Bureau of Labor Statistics (BLS) a doublé ses projections de croissance concernant  la conception d’interfaces numériques et le recrutement de designers pour la prochaine décennie.

 

Les besoins en management induits par l’effervescence

Une  telle croissance des métiers du design implique forcément des besoins en management. Celui-ci se pratique de façon transversale via le rôle de PM (Product Manager) qui conjugue les dimensions UX, business et technique pour coordonner et mobiliser les différents intervenants. Une fonction en plein essor, dans le top 3 des meilleurs jobs établi par Glassdoor aux États-Unis ;  en France, recruter  des PM s’avère “compliqué” ou “nécessite des efforts” (Baromètre LPC 2021).

 

Capture d'écran du site Glassdoor. Aux États-Unis, le salaire annuel moyen des Product Designers est de 121 107 Dollars.

 

Le management s’exerce et s’inscrit  aussi au niveau organisationnel et hiérarchique : à la tête d’équipes de designers et de PM de plus en plus étoffées, avec souvent un seat at the table, une place en comité de direction appréciable pour affirmer la culture design. Lead designer,  Head of design, Design manager,  CDO (Chief Designer Officer), Design director, VP design… sans parler des équivalents côté produit (voir ci-dessous un extrait du Baromètre annuel de La Product Conf )… Les multiples titres correspondent à différents  champs d’intervention ou prismes, ils varient selon les structures, mais la tendance est là. 

Selon  l’enquête Designers Interactifs 2022,  les managers encadrent en majorité des équipes de 5 à 10 designers. La part des équipes de taille intermédiaire (11 à  15 personnes) a nettement progressé, celles rassemblant plus de 20 personnes représentent 15 % en France. Là encore, rien de comparable avec les États-Unis ou d’autres pays européens,  ce qui augure un avenir florissant.

 

Infographie qui illustre le nombre de personnes managées en fonction des postes occupés. Un VP Product manager en moyenne 13 personnes, un Lead Product Designer 7 personnes, un Chief Design Officers 8

 

Les design managers de plus en plus demandés 

“Représentant près de 10 % des effectifs […], les design managers constituent désormais une communauté à part entière qui contribue à faire maturer les pratiques et à sensibiliser aux apports de la discipline” résume Designer Interactifs. Cela va de pair avec des besoins en compétences spécifiques et le développement de formations pour y répondre, parmi lesquelles le parcours du Laptop.  

Couvrant les grandes étapes du cycle produit, celui-ci plonge les participants dans la réalité d’un design sprint (méthode pour résoudre des problèmes complexes en 5 jours maximum) mené pro bono en conditions réelles pour un projet à impact ; il comporte également tout un volet facilitation et une forte dimension stratégie UX.  Ces modules s’adressent en premier lieu à des UX et product designers qui souhaitent élargir leur spectre d’intervention, que ce soit en prenant la tête d’une équipe qui grandit ou via un changement d’entreprise :  sur le marché  de l’emploi au beau fixe,  les postes de managers fleurissent dans des structures variées.

De  nombreux recruteurs peinent à “faire le tri” dans ce nouvel eldorado qui attire aussi des vocations opportunistes manquant de rigueur ou de fondement.  Designers Interactifs pointe des “compétences brouillées, buzzwords” et  “un sentiment d’exaspération ou de manque de légitimité”. Dans cet univers mouvant insuffisamment structuré, les parcours certifiants aident les candidats à convaincre en apportant des repères rassurants.

 

Capture d'écran des offres d'emploi Head of Design. Au moment de la rédaction de l'article  Airbus, Qonto, Urban Linker, Bao Jobs, PayFit et La Redoute avait posté des annonces.

 

Monter en compétences et en légitimité

Condensées, modulaires et ancrées dans la réalité professionnelle, les formations courtes permettent aux designers de gagner en maturité rapidement, notamment sur les aspects business ou stratégie d’entreprise mais aussi en matière de soft skills  qui, elles aussi, s’apprennent. Précieuses pour accompagner une prise de fonction,  elles sécurisent ceux pour qui les choses sont allées très vite :  encore récents dans leur poste, guettés par le syndrome de l’imposteur fréquent chez les autodidactes, ils ressentent le besoin d’assoir leur posture et de légitimer leur position. 

Se former, c’est aussi prendre du recul, challenger ou valider ses pratiques,  les faire gagner en maturité. On peine parfois à expliquer des choses que l’on fait naturellement : les formations apportent un socle de fondamentaux, un cadre formel qui aide à décrypter  le métier et son impact sur les performances. Des références extérieures précieuses pour évangéliser et convaincre : un rôle majeur des design managers.

Donner une autre orientation à sa carrière

Les formations continues courtes au design management attirent d’autres métiers du digital. Séduits par les perspectives souriantes, certains souhaitent réorienter leur carrière vers le design, en tirant parti d’une période de transition ou en se réorientant en douceur, soutenus par leur employeur. Les autres professions sont  “bienvenues pour apporter de la diversité dans un domaine qui en a intrinsèquement besoin” estime Benoit Drouillat au micro du Podcast Hémisphère Droit.  Beaucoup de compétences acquises durant un parcours marketing ou technique se révèlent aisément transférables  pour un poste de design manager alors que la modularité des formations courtes permet de se concentrer sur celles qui nécessitent d’être développées.

D’autres professionnels du numérique se forment  au design management sans intention de reconversion (en tout cas à court terme) : “juste” pour renforcer leur capacité à piloter des projets transversaux pluridisciplinaires et leur employabilité.

Développer des compétences transversales

Plus de la moitié des participants aux formations du Laptop ne sont pas designers : responsable de la stratégie digitale, chef de produit marketing ou consultant, directeur de projet…  ils ont besoin des compétences au cœur du design management pour exercer pleinement leur métier. Ainsi, le cabinet de recrutement Promel souligne l’importance du  design et de l’innovation parmi les responsabilités du CXO (Customer Experience Officer) ; de nombreuses descriptions de poste  reflètent cette convergence. 

Pour déployer son programme CX Makers auprès de 1000 collaborateurs, Orange Business Service s’appuie sur une équipe de facilitateurs formés par Le Laptop. L’opérateur a également recours aux Design Sprints organisés par l’organisme de formation pour concevoir des offres commerciales.

 

Manager ou faciliter : les soft skills indispensables 

Les soft skills au cœur de la facilitation (bienveillance, empathie, écoute active,  intelligence émotionnelle, communication orale et écrite, esprit d’analyse et de synthèse,  leadership, adaptabilité…)  sont de plus en plus valorisées pour tous les métiers en France (Bâtir les métiers du futur comme à l’international (The futur of jobs).

Les nouvelles façons de travailler modifient en profondeur les rôles et postures des managers quel que soit leur domaine. Faire émerger l’intelligence collective, mettre les individus en capacité de co-concevoir, aligner autour d’une vision commune,  porter attention aux signaux faibles, adoucir les conflits… autant de compétences en facilitation précieuses pour motiver une équipe, mais pas forcément innées, d’où l’apport des formations  opérationnelles !  Depuis des années, IBM dote ses seniors managers de compétences en design thinking. Dans le but de mieux cadrer les projets et répondre aux problématiques stratégiques des clients, le Laptop a aussi formé 400 managers et consultants de CGI Business Consulting à la discipline.

Auteur de plusieurs ouvrages sur l’innovation et le management, Benjamin Chaminade estime que “Le design devient un sujet de formation pour manager comme  la gestion du temps ou la communication positive il y a vingt ans”. IBM forme ses seniors managers au design thinking depuis plusieurs années. Alexander Osterwalder, l’inventeur du fameux Business Model Canvas,  appelle quant à lui les entrepreneurs à agir comme des designers.

Acquérir des compétences transversales pour manager ou entreprendre, se reconvertir ou évoluer en douceur vers le lead d’équipes UX ou produit en pleine croissance… les motivations des apprenants en design management sont multiples, les bénéfices aussi. Sans oublier le plaisir : la formation est une expérience intense, dense et stimulante dont on sort épuisé ET dynamisé… dixit les alumni du Laptop !

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Antoine Voland Logerais