Je m’appelle Sylvain et je suis le fondateur d’Ailia, une plateforme qui vise à améliorer la sélection de l’appareillage orthopédique grâce à l’intelligence artificielle.
Il y a quelques semaines, je me suis porté volontaire pour que mon projet soit utilisé dans le cadre de la formation Design Sprint du Laptop. Dans cet article, j’aimerai vous partager mon expérience.
J’ai une maladie neuromusculaire évolutive. À 25 ans, ma marche est devenue plus difficile, puis, les chutes ont commencé. Les premiers appareillages dont j’ai pu bénéficier n’étaient pas adaptés à mes besoins. J’ai consulté des médecins, cherché des solutions par moi-même, mais le parcours pour obtenir un appareillage orthopédique adapté est souvent complexe, lent et décourageant, tant pour les patients que pour les professionnels de santé.
C’est pour remédier à cette situation que j’ai décidé de me lancer dans l’aventure Ailia. Avec le Dr Clémence Ferrandez, notre objectif est de répondre à un besoin simple mais fondamental : rendre ce parcours plus fluide et accessible.
À travers ce projet, nous espérons
J’ai souhaité participer à ce Design Sprint pour tester mes idées et intuitions. Ce Design Sprint doit répondre à trois questions clés :
Avant le commencement, la charge émotionnelle est à son comble. Ces cinq jours vont être une première épreuve du feu, pour moi et pour ce projet.
La première journée est dédiée à la découverte du projet puis à la recherche utilisateur. Je commence par pitcher le sujet devant les 17 apprenants ainsi que Pauline et Jules, les deux formateurs. L’enjeu est double : expliquer mon projet et partager mon enthousiasme pour motiver les participants.
Ensuite, 7 interviews ont été menées avec des médecins, des orthoprothésistes et des patients. Les échanges sont ensuite analysés pour identifier les difficultés rencontrées. Les participants découvrent le sujet et doivent très vite monter en expertise.
J’ai le sentiment de découvrir de nouveaux aspects de mon projet ; tout va très vite, je suis aux anges.
Le deuxième jour est dédié à l’exploration et l’idéation. L’objectif est de passer de la formulation des problématiques aux premières idées de solutions digitales.
De nouvelles idées très intéressantes ont émergées : → Un dossier patient enrichi, alimenté par les informations saisies par le patient, les professionnels de santé (kiné, médecin généraliste…) et les aidants. → Des transcriptions automatiques de consultations, accessibles aux patients pour mieux comprendre et anticiper les prochaines étapes pour l’appareillage.
C’est peut être une coïncidence (ou non), mais le mardi 11 février c’est la date anniversaire des 20 ans de la loi Handicap. Tout un symbole !
On attaque le prototypage, un moment que j’attends avec impatience tant il permet de se projeter concrètement. Les apprenants commencent à dessiner les premiers écrans sur papier avant de les modéliser sur le logiciel Figma.
Peu à peu, les parcours utilisateurs prennent vie ! Une première version du dossier patient enrichi voit le jour. Elle centralise les données du patient et facilite la communication entre médecins, appareilleurs et aidants.
Après 3 jours de réflexion et de conception, les tests commencent !
Les équipes finalisent les prototypes, ajustent les derniers écrans, rendent les maquettes interactives. Les guides de tests sont rédigés dans la foulée.
L’après-midi, les tests utilisateurs commencent. Des médecins, orthoprothésistes, ergothérapeutes et patients testent le prototype. Ils naviguent dans l’interface, donnent leur avis et partagent leurs ressentis. Certaines réactions sont prévisibles, d’autres plus surprenantes. On voit des sourires, des hésitations, des retours directs, et on écoute leurs suggestions d’améliorations…
En fin de journée, l’équipe organise un débrief à chaud. L’idée est d’analyser les retours et classer les observations selon trois critères : → Compréhension : l’interface et le parcours, sont-ils clairs ?
→ Utilisabilité : la navigation, est-elle intuitive ?
→ Appétence : l’outil donne-t-il envie d’être utilisé ?
Les échanges sont intenses. Certaines fonctionnalités semblaient évidentes sur le papier, mais s’avèrent compliquées dans la pratique. D’autres, jugées secondaires, ont suscité un fort intérêt. L’équipe dispose maintenant d’une mine d’informations pour ajuster la solution !
Le Sprint touche à sa fin. Les 4 groupes peaufinent leurs présentations. Les maquettes sont prêtes. Chacun se prépare à partager le fruit de son travail.
L’après-midi, les restitutions débutent. Chaque équipe présente ses parcours, explique ses choix de design, détaille les retours utilisateurs et propose des pistes d’amélioration.
Des experts sont présents. Le Dr Frédéric Pellas apporte son regard de médecin (spécialiste en Médecine Physique et de Réadaptation). Alexandre Hoyau, président de CMT-France (une association des patients atteints d’une neuropathie périphérique rare) partage un message fort sur la nécessité d’une telle solution pour les patients.
Ce moment de clôture est puissant. Les retours sont constructifs. L’engagement de tous, donne un nouvel élan à Ailia.
Je repars fatigué, mais plus motivé que jamais.
Je suis venu chercher des réponses. J’ai trouvé bien plus : une méthode, une équipe, une bonne dose de lucidité.
Agir rapidement est préférable à attendre la solution idéale.
Travailler seul dans son coin, c’est rassurant. Mais on finit par tourner en rond et itérer à l’infini pour répondre aux objections. Le Design Sprint a été une nouvelle étape pour confronter nos idées et passer à l’action de manière concrète.
Plus on challenge une idée, plus elle s’améliore.
J’avais une vision claire d’Ailia. Chaque question posée, chaque regard extérieur, chaque discussion nous a fait évoluer. Nous avons réévalué certaines certitudes et en avons affiné d’autres.
Prototyper, c’est transformer des idées en réalité
Alors qu’une idée s’explique et s’interprète (”Ah bon, c’est ça ? Je voyais un truc totalement différent…”), un dessin ou une maquette révèle. Prototyper a permis de rendre Ailia visible, tangible et compréhensible. En voyant les gens réagir aux écrans, j’ai compris ce que l’outil pouvait changer. C’est une étape puissante pour avancer et embarquer les différents acteurs de notre projet.
Maintenant que les premiers écrans existent, que des professionnels les ont testés, il reste une étape cruciale : confronter le projet à la réalité économique.
Le Design Sprint a permis de valider l’existence d’un problème pour les patients, qu’un réel problème à résoudre existe pour les patients et les professionnels de santé. Je souhaite désormais savoir si les fabricants, les distributeurs, ou les institutions seraient prêts à investir pour qu’Ailia existe.
Notre objectif est désormais d’embarquer 5 premiers clients avec lesquels co-concevoir plus en détail la première version d’Ailia.
Cette étape me pousse à aller au contact de nouveaux acteurs et à reformuler mon discours. Persuader les professionnels et les fabricants d’appareillage ne sera pas une tâche facile. Ce Design Sprint a renforcé mon envie de construire – non plus seul, mais avec les autres : c’est un vrai déclic.
J’ai adoré cette double posture à la fois de commanditaire et de participant. Pauline et Jules ont su animer et stimuler les équipes pour tenir le rythme.
Si vous aussi souhaitez faire avancer votre projet lors d’un Design Sprint, contactez-nous.
Dernière modification de cette page : 01 mai 2025, 17:00
FIGMA, UI DESIGN, ACCESSIBILITÉ NUMÉRIQUE
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